mercredi 28 février 2007

Tous ces autres qu'il est

Voilà, je l'avais dit depuis longtemps pis j'ai toujours trouvé autre chose à dire ou à faire. Mais là je m'y mets.

Mon époux, depuis bientôt onze ans, est quelqu'un de réellement solide, je crois que si un mot devait le définir, c'est celui là. Taillé dans la pierre, avec ce que ça a de consistant mais aussi d'intransigeant, il est honnête par dessus tout et rien ne semble l'ébranler.
De cet aspect de sa personnalité, découlent des autres traits parfois un peu durs à supporter: le manque d'écoute, le manque de dialogue et la sensibilité très très bien cachée, ce qui rend les relations assez compliquées.

Il est l'aîné d'une famille aisée de quatre enfants. Rien ne lui a jamais fait défaut et même si on a fait preuve d'exigence envers lui dans ses études, on ne lui a jamais rien refusé ni reproché. ça donne donc quelqu'un d'assez sur de lui et peu soucieux la plupart du temps, des gens de son entourage.
Néanmoins, ces facilités auraient pu lui donner envie de se laisser aller dans son boulot et de ne pas trop s'en faire. Or il est courageux comme personne, et je dis toujours que quand ses ouvriers bossent dehors et ont de la boue jusqu'aux genoux, lui en a jusqu'aux épaules!
Il a repris avec son père l'entreprise familiale et il s'y consacre sans compter. C'est un projet, une oeuvre qu'il entend (qu'il doit) mener à bien. Fut ce au détriment de sa famille.

C'est un homme taciturne mais de sang chaud. Donc très extrême dans ses réactions. Il a des avis très précis sur tout un tas de sujets et il est or de question qu'il s'en dévie.
D'autre part, il est, de son propre aveu, d'une mauvaise foi surprenante et a énormément de mal à s'excuser ou à avouer qu'il a eu tort.

Il est issu d'une famille très nombreuse et même si aimante, très "taiseuse" comme on dit par chez nous. On tait ses douleurs, ses peines et même ses joies.
Il lui est donc compliqué de vivre avec une femme qui aime discuter, analyser et communiquer.
De plus, j'ai un passé très lourd du point de vue familial et lui peu habitué aux difficultés, a du mal à le comprendre ou à m'aider à le surmonter.

J'ai de mon coté beaucoup de mal à demander de l'aide et lui de son coté, beaucoup de mal à en offrir, ce qui résulte des solitudes extrêmes dans un couple où on est censés être deux.

Je ne voudrais pour rien au monde qu'on en dise du mal parce qu'on l'a mal perçu au premier abord en ours mal leché ou parce qu'on ne le connait pas. C'est quelqu'un de juste et loyal, qui fait je pense tout ce qu'il peut, mais mal ou trop tard.
Communiquer il ne sait faire, consoler ça le gêne, trouver des vraies solutions, c'est compliqué.

C'est un papa aimant, comme je n'en ai jamais connu. Présent également à sa façon. Il fait des tonnes d'efforts pour les mener là où les parents se doivent d'emmener leurs enfants, mais je pense sincèrement, sans me lancer des fleurs, que si j'étais pas là, la plupart du temps pour arrondir les angles, on passerait notre vie à aller au clash avec les petits, surtout avec mon aîné.
Quand il rentre d'une journée particulièrement dure, il leur parle comme à ses ouvriers, de façon brutale et directive, contre quoi, évidemment les enfants se rebiffent.

C'est un homme que je respecte profondément, même si, malgré lui?, il ne parvient toujours pas à me combler. Mais je l'admire et limite l'envie, de traverser la vie avec autant de facilité.

Voilà pour le portrait, sans vitriol parce qu'il ne le mérite pas, de celui qui m'accompagne.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'avais une collègue dont le mari était militaire de carrière. Après quelques années, il a commencé à avoir tendance à traiter sa femme et sa fille comme des collègues. Elle lui a gentiment expliqué que cela les choquait toutes les deux. Il a essayé mais il oubliait régulièrement. Un jour, excédée, elle lui a crié : Repos ! Et comme il la regardait, interloqué, elle a ajouté : Dis "Oui mon général". Il avait de l'humour. Il a éclaté de rire. Par la suite, quand sa fille venait l'accueillir et qu'il était stressé, il lui disait : attends, je vais me mettre en papa. Il allait prendre une douche et changer de tenue.

Je ne sais pas quel petit rituel pourrait permettre à ton homme de décrocher du boulot quand il est à la maison. J'espère que cette petite histoire pourra vous aider.

S'il aime lire, il y a peut-être un livre qui pourrait l'aider s'il le souhaite. Ca s'appelle : "Cesser d'être gentil, soyez vrai", de Thomas d'Ansembourg. Il fait le pari qu'en étant soi-même, on arrive beaucoup plus facilement à communiquer de manière non violente plutôt qu'en s'efforçant d'être gentil.

Je te comprends d'aimer un tel homme.

Cris a dit…

Merci Fabilou de tes précieux conseils. Je vais penser à mettre quelque chose de ce genre en place
La gageure réside dans le fait, d'après tant d'années, essayer et s'ateller la tâche de se réapprendre.

Anonyme a dit…

Petit à petit, comme votre amour s'est construit.

Courage !