Alors que certaines nous incitent à raconter nos soirées (http://lajeunebergere.blogspot.com/2007/01/se-coucher.html), je vais ici vous raconter mes levers.
Ayant la chance de ne "prester" que 4 jours semaine, mon jour de congé je me la joue relax, je lève les enfants dans la bonne humeur, je prends mon temps, j'embarque le plus petit en pyjama, et moi même je m'affuble d'un simili de tenue, la première qui me tombe sous la main (dépareillée il va de soi) et je conduis mon ainé à l'école.
Arrivée sur les lieux, un brin de bienséance me rapelle ma tenue et j'évite soigneusement de quitter mon véhicule de peur d'heurter des âmes sensibles à la vue de mes cheveux hirsutes, de mon vieux jogging avec des traces d'eau de javel et les quelques traces de mascara de ci de là que j'aurais par mégarde laissées traîner sur mon faciès.
Par contre les jours où je bosse (4 autres jours donc), le scénario est tout à fait différent.
La veille, dans une délicieuse béatitude qui n'atteint que ceux qui ont bossé péniblement toute leur journée et viennent de parvenir à mettre au lit deux enfants surexcités, je savoure le calme revenu, confortablement installée dans mon fauteuil, un bon bouquin à la main. (Variante: xième épisode de DesperateHousewives ou tournée des grands ducs de la blogosphère).
Subitement, il apparaît essentiel de terminer les 17 chapitres du livre sans quoi je ne saurais jamais de quelle façon Morton a identifié le tueur juste en ayant humé l'odeur de ses chaussettes sales ou alors il me semble impossible d'aller me coucher tant que je n'aurais pas visionné l'intégralité de la saison 2, sinon comment deviner qui est le père de Zack??
Quelques heures plus tard, les yeux rougis de sommeil mais la conscience apaisée par le travail accompli, je monte me coucher.
Je m'étends aux cotés de l'Homme qui dans les bras de Morphée git depuis bien longtemps, je mène un combat inégal pour récupérer mon dû en matière de couvertures, je feins d'ignorer l'orchestre philarmonique désaccordé qui s'échappe de ses narines, et finalement je m'endors, quand soudain....
un bruit strident!
J'ouvre un oeil péniblement, je tente de réveiller mon ouïe pour qu'elle identifie le vacarm et là je capte, c'est mon réveil.
Un éclair plus tard et j'aperçois les chiffres lumineux, 7.37h.
Je rameute à toute vitesse mon esprit, mon cerveau et mes idées partis se faire la malle dans le duvet de mon oreiller et je bondis du lit.
Mon réveil étant programmé pour 6.39h, un constat s'impose, je suis en retard.
Je descends quatre à quatre les escaliers et étant donné que j'habite pas un château, je fais deux bonds et j'atterris dans la cuisine.
Oui quand j'atteins un certain degré de stress, je peux me convaincre très fort d'avoir des pouvoirs magiques, c'est mon droit.
La béatitude régnant la veille m'ayant dépourvue de toute pensée logique, j'ai évidemment omis de préparer les sacs, les petits déj ou les habits.
Premier impératif: café. J'ai passé 24 annés de ma vie sans y goûter mais depuis, je ne donne pas cher de la peau de celui qui me le refuserait le matin.
J'appuye sur le bouton de la Senseo pour qu'elle préchauffe, je cours à l'arrière cuisine jetter des gâteaux, petits jus, conserves de légumes, raviolis en boîte, bref tout ce qui me tombe sous la main, dans le sac de mon aîné pour ses récréations...
Je reviens en pestant contre la cafetière qui n'a toujours pas daigné préchauffer, je prépare vite fait des tartines pour le midi de l'enfant, je branche la prise de la cafetière (....), je cherche le sac de piscine et celui de gym, je fouille mon attaché case à la recherche du dossier de ma réunion du matin, je fais couler mon café, je respire, je nettoye l'eau brunâtre qui coule sur le plan de travail (bah oui ni café ni tasse, ça a beau être une Senseo hein...), je prépare les bibis et autres petits déjeuners et je monte.
Chambre de l'aîné, bonjour mon coeur d'amour, lève toi vite, habille toi on pars. Interrogation dans regard ensommeillé et puis: on est encore en retard??! Euh oui...Viiiiite.
Chambre de mon mignon: bonjou maman a va? oui ça va mon petit coeur, vite bois ton bibi, on va vite t'habiller
je cours à la salle de bains brossage de trois canines (le reste se fera la toilette ce soir), ablutions rapides, choisissage d'habits, enfilage, jurage car rien ne sied avec rien, maquillage
Retour chambre, je prends l'enfant, je l'emmène à la salle de bains, je le pose sur la table à langer, je lui change la couche, je l'habille...euh j'ai pas encore ses habits, je le repose par terre, je cours à la chambre, je chope le premier pantalon/pull qui passait par là je reviens, j'habille l'enfant, euh.. plus d'enfant! Je cherche dans ma chambre, je l'apelle, je fouille du regard sa chambre, la salle de jeux, mais où est il bon sang! allez c'est pas marrant, viens vite loulou! finalement je le retrouve enfoui dans le lit de son frère riant de belle.
Je l'atrappe, je croise mon aîné qui en bon petit mec se gratte l'entrejambe et me demande: dis maman, c'est quoi le plus fort, le feu ou l'électricité? parce que j'ai un pokemon électrique qui.... il n'achève pas sa phrase ayant croisé deux secondes mon regard....disant en message codé un truc du genre: si tu t'habilles pas plus vite que ton ombre je te réduis moi-même à l'état de pokemon!
Je lutte avec le petiot qui a décidé qu'il avait aucun impératif ce matin à part aller faire des bêtises chez mamie donc aucune raison de se presser pour s'habiller.
Je lui enfile le pantalon, il le retire, je remets le pantalon, je lace une chaussure, j'attrape au vol la deuxième qu'il a lancée dans un rire, je lui met une manche, il retire l'autre chaussure, bref il s'éclate cet enfant.
Je finis finalement par avoir gain de cause non pas parce qu'il a enfin bien voulu entendre raison mais tout simplement parce que du haut de ses deux ans et demi, il n'a aucune chance contre moi quand je lui fais la prise du chat et que je le ceinture dans mes bras.
Je rameute les troupes, enfilage de vestes bonnets re chaussures pour le petit (il me cherche...) et zou tout le monde dans la voiture.
Ayant visiblement été assez gentille avec je ne sais quelle instance supérieure, ma voiture n'est pas gelée et je peux donc démarrer sur les chapeaux de roues.
Tout en évitant petites vieilles, enfants sur le départ à l'école et chiens errants (oui il y a toujours un chien qui décide de traverser la route les jours où vous êtes en retard) je fouille mes poches à la recherche de la dictée de l'aîné, je la lui fais réciter, je jette un oeil à ma montre et fais de savants calculs pour décider à quelle vitesse je dois rouler pour parcourir vingt kilomètres en moins de 2 minutes.
Je roule d'une main, je rends le doudou au petiot qui l'a lancé à terre de mon autre main, avec ma troisième main j'affine mon maquillage, avec la quatrième je règle la radio pour entendre les infos avec tout leur lot de misères et enfin avec la cinquième je fais signe à la dame qui me souris au bord de la route, sans doute à la vue de mignon qui lui fait des petits signes du bout de ses orteils, oui il n'a plus ni chaussures ni chaussettes....
Avec plus de 17 minutes de retard je m'arrête dans un crissement de pneus devant l'école, je dépose le premier, le deuxième je le lance dans les bras de l'heureuse grand mère, j'avionne pour parcourir les derniers kilomètres me séparant de mon bureau, j'y arrive entière et sauve, j'ouvre les portes, alarmes, coffres, radios, lampes, dossiers, j'accueille le premier client, j'enregistre le premier sinistre, je passe mes premiers coups de fils et je me rends à ma réunion et enfin je m'assieds.
Si vous aussi vous avez des pouvoirs magiques, partagez les.
Morale de l'histoire: finalement le bureau c'est le pied!