jeudi 30 novembre 2006

Un peu de lecture

Je voulais me taire mais je te l'ai dit
J'ai confiance mais je crains ton avis

Toi si droit et si intègre
lire ici ma vie à nu, comme aigre

Il est des vérités que l'on doit dire
des douleurs qu'il faut circonscrire

puisque les vivants sont pas assez forts
et puisqu'on ne peut toucher à la mémoire des morts

j'exhume ici mes cadavres par ribambelles
à des inconnus purement virtuels

exception faite de toi
parce que tu m'as comprise tant de fois

à présent nous sommes à égalité
je t'avoue mes cotés masqués

installe toi, savoure le bien
ce cognac qui te rendra serein

car il te faudra tout ton calme
pour lire ici les tréfonds de mon âme

je ne réclame que la lecture
en aucun cas de la pitié si dure

point entre nous de compassion
mon coeur refuse cette déraison

Je t'embrasse,

mercredi 29 novembre 2006

Tribu

Son regard est devenu un peu flou, le bleu de ses yeux encore plus doux.
L'ouie aussi l'abandonne, il faut souvent crier, repéter à son sonotone.

Sa tribu autour de lui, remplit la pièce et bien au-delà.
La moitié il ne reconnaît plus et demande parfois "c'est qui tous ceux là??"
"C'est ta famille papy, tes enfants, tes petits enfants et les arrières, tous réunis".

Quand le premier de l'an sonne, alors qu'à peine rentrés d'une nuit bien arrosée,
c'est tradition, c'est obligé, on va tous chez pépé.

Et on s'entasse sur les chaises, on salue à qui mieux mieux.
Je me demande si pour lui, la journée serait pas plus calme au coin du feu.

On fait la queue devant la porte, les plus fatigués laissant leur tour aux nouveaux.
On attend que le monde s'installe et ensuite on se présente, on donne "son numéro"

Sûrement qu'on l'accomplit comme une corvée,
cette visite au vieux pépé.

La dernière branche se compose d'une soixantaine d'éléments,
difficile à reconnaître dans tout cet attroupement.

Avec ma contribution un peu mince,
je n'ai offert que deux princes
je ne suis point performante,
ma santé n'est pas très endurante.

Dès la deuxième génération, j'ai perdu le cours des prénoms.
Les têtes blondes se succèdent autour de lui, il ne saura pas les compter aujourd'hui.

Moi qui n'ai connu aucun de mes grand pères,
je reste bouche bée devant ce centenaire.

Il a traversé toutes les guerres,
le téléphone reste pour lui un mystère.

Mais sa vie, son parcours et sa longevité,
représentent pour nous tous une grande fierté.

Pire qu'un sort

Le nez dans un policier, je paresse sur le lit
quand soudain surprise, j'entends ton cri
"Je n'en ai plus" t'exclames tu avec du nerf
je lève les yeux et t'aperçois nu comme un ver

des craintes insensées s'emparent de moi
qu'as tu perdu qui te met tant en émoi??
vu ta tenue un doute me vient
aurais tu égaré un précieux bien?!

J'imagine déjà ma triste mine
devant un spécialiste d'une voix anodine
expliquer que l'on a perdu de vue
un bout de ton anatomie dodue

Adieu prochaine descendance
finis les temps d'abondance
mon homme a mal classé
le passe-temps de nos soirées

j'essaye de me contenir
mais pas évident de tenir
rassure moi mon bel amant
t'as pas perdu ton talisman?

"Mais non" t'écries tu
tout affecté dans ta vertu
"Le problème vient que je n'ai plus un seul slip
je suis bon pour courir nu comme dans les clips"

Je t'assure que mes lessives sont à jour
plus rien ne traîne dans le tambour
si sous tes yeux il n'y en a plus
c'est qu'ailleurs ils sont reclus

Demande donc autour de toi
je ne sais où tu les ballades des fois
Peut être sont ils chez la voisine
ou alors nostalgiques, retournés en usine??

C'est bien connu leur petit coeur frêle
une contrariété et les slips bêlent
deprimés ils se font la malle
c'est une coutume ancestrale

Tels les saumons remontant l'eau
les slips retournent en bateau
là bas sur leurs lieux de naissance
faire la fête avec leur ascendance

"Arrête tes bêtises, cherches plutôt
va remuer le linge sale, j'suis pas idiot
c'est sûr là bas que tu les as planqué
et maintenant tu ris de me voir défroqué"

Inspecte les lieux, si ça te chante
c pas pour te voir dans une pose compromettante
que j'aurais été planquer dans un lieu désaffecté
des slips à lignes à rayures ou petits pois rosés

Je te dis plutôt qu'ils sont partis en voyage
voir d'autres moustachus, changer de paysage
Faut dire que ça doit être monotone
de parler à un sportif gonflé d'hormones

Et c'est d'un ton outré
que t'as été en bas, fouiller
sans pour autant mettre la main
de quoi te cacher l'arrière-train

Voilà donc où nous en sommes
en plein mystère sur les habits de l'Homme
le mystère est captivant
le kidnapping abracadabrant

Si vous detenez des indices
ou si vous connaissez les complices
Faite le savoir via le blog
car on craint un rhume avant l'épilogue.

mardi 28 novembre 2006

Circonflexe

Il y en qui sonnent comme un vent d'été
qui chantent la mer et le soleil dans les blés
pis il y a ceux qui blessent l'écoute
qui agressent l'oreille, qui nous dégoûtent

Des expressions alambiquées
des termes inconnus, des nouveaux nés
Des comparaisons hasardeuses
des fins de phrase souvent douteuses

Celui que je préfère est le sien
de tout là bas, qui me fait tant de bien
que si je ferme les yeux j'entends les cygales
me murmurer des mots doux, aussi beaux qu'une chorale

Oui c'est bien à toi que je m'adresse
toi qui sonnes comme une caresse
malgré que je doute que ma prose traverse
les kilomètres et les rideaux d'averses

Depuis bien des années tu suis
mes joies, mes délires et mes tranches d'ennui
sans que pour autant je ne partage
mes doutes, mes peurs: mes compagnons de voyage

Ce n'est pas un manque de confiance
je sais que tu en es pourvu d'avance
c'est juste que notre relation je veux préserver
de la plainte, de la tristesse et des larmes versées

Si j'étais autre et bien plus forte
je serais depuis longtemps venue frapper à ta porte
mais je ne peux me donner toute entière
y a des morceaux qui sont déjà sous Terre

La crainte de te perdre, me fait perdre mon sourire
tu sais celui qui jaillit pendant tous nos délires
Parfois la peur que tu m'oublies m'étreint
me serre la gorge, me donne envie de prendre le train

Les heures passées ensemble consolident pourtant
cette envie de courir, traverser l'océan
A chaque fois avec moi-même je négocie
cet aller sans retour, celui de toute une vie

Ton regard plein de mots et tes mains de coton
m'ont fait réaliser que je frôlais l'abandon
d'une tranche d'années, d'un parcours boîteux
pour les yeux d'une amitié, incestueuse si je veux

Apothicaire

Fin d'année, bonnes résolutions
je vais me lancer dans la rénovation
Premier janvier sera glamour
Sonnez trompettes, battez tambours

Commençons par le plus aisé
mes cheveux blancs il me faut cacher
Après un temps de pause interminable
me voilà parée d'un auburn acceptable

Visons ensuite un peu plus bas
ces rides et ce teint proche du cervelas
des crèmes et des onguents, je vais tartiner
pour rajeunir de dix ans, avoir l'âge de l'acnée

Ensuite le corps, le plus gros chantier
n'ayons pas peur des mots, c'est par endroits à chier
je vais me tenter une lipposuccion
à mes cuisses offrir l'acceptation

Les fesses, le ventre et tous mes monts
je vais les raboter, leur faire oublier les affronts
ceux que les ans nous ont fait subir
et les deux grossesses empêché d'adoucir

Pour m'inventer une amitié avec la balance
j'irais même jusqu'à me poser, au milieu de la panse
un anneau serré par des agraphes
un peu comme si le doc me laissait un autographe

Ensuite j'irais chez ma tortionnaire
celle que je paye, qui fait de mes poils son affaire
Je crierais de douleur à chaque arrachage de cire
pour oublier mon ancien moi, le détruire

Je pense que j'ai fait le tour
d'ici mi juin, je serais prête pour la basse-cour
n'est ce pas ce qu'on veut toutes
un nouveau soi, un anti-doutes

Mais j'ai comme qui dirait oublié un détail
et je m'en ouvre à vous, acharnés du travail
comment remplacer ce mal qui me ronge
ablationner mon âme, la laver d'un coup d'éponge

Le Bottox et les matières silliconisées
j'ai essayé, ce ne sont que des illusions brisées
mon intérieur reste meurtri
mes peurs, mes maux sont pas circonscrits

Aidez moi messieurs les spécialistes
à ce que ma douleur devienne absentéiste
Elle me colle, m'accompagne et me clone
elle fait corps avec mes hormones

Je ne sais si c'est clair à comprendre
si de vos manuels la solution je peux attendre
Mais tentez de me donner un diagnostique
même si le remède n'est pas très accademique

lundi 27 novembre 2006

Message à qui de droit

Dis moi que t'as oublié
que t'as chopé Alzheimer
Dis moi que t'y as plus pensé
que t'avais autre chose à faire

L'emploi du temps surbooké
les malheurs à consoler
Les âneries de George, c'est certain
ça vous déborde l'agenda de quelqu'un

Je veux bien pour la faim dans le monde
La canicule, la corruption et la misère profonde
Admettons que t'ignores les attentats
que ton palm est en rade et la télé au débarras

Mais sur les enfants qui meurent sur la planète
excuse moi, je me trompe peut être
Mais ne serais tu pas en train de te défiler
de faire genre "jai piscine, je dois y aller!"?

Je veux bien écouter tes arguments
je mords pas, c'est juste un aboiement
mais je trouve que ça fait beaucoup
tous ces oublis, ces aides manquées tout à coup

ça fait un bail que ça me triture
ta non réaction face à la souffrance de l'innocence pure
oui je sais, je suis pas objective
mais que veux tu le sujet titille ma fibre affective

car vois tu mon coeur bat la chamade
pour des mignons, pareils qu'à ceux du Tchad
exactement les mêmes qui tombent sous les balles
ou ceux qu'on torture au nom d'une pulsion animale

Un coeur innocent au regard angelot
j'ai les mêmes je te jure, on croirait des jumeaux
si à ceux là tu laisses quelqu'un toucher,
ta soi disant existence sera révolutionnée

Déjà que jusqu'à mon nom tu ignores
c'est pas que je suis snob ni que je veux qu'on m'adore
mais avec tout ce que tu m'as envoyé sur la tronche
franchement, je suis pas parano mais là faut que je bronche

Il paraît que quand on aime bien on châtie bien
Nous deux on est potes, ça c'est certain
je me demande même si entre nous deux
y aurait pas moyen de conclure, de combler un petit creux

"Le bon Dieu te le rendra" m'a t-on dit
Des centaines de fois on me l'a promis
je te réclame plus rien, garde tes acquis
A tout jamais, les bons comptes font les bons amis

Si t'as cinq minutes entre deux guerres
viens faire un tour ici, visite la blogosphère
T'apprendras les peines de ceux d'en bas
ceux que t'as déçu des dizaines de fois!

vendredi 24 novembre 2006

Prouesses

Des yeux noirs, une belle gueule
il parade et cherche la meuf seule
ce soir il emballera c'est certain
le playboy doit ajuster ses comptes demain

c'est ainsi depuis pas mal d'années
le mercredi et les chiffres c'est sacré
depuis que le poil lui pousse sur le torse
le bélâtre drague avec son dialogue en morse

Pour rester dans l'air du temps
il s'impose un régime amaigrissant
tel un pêcheur restreint par Bruxelles
il ne dépassera pas son quota de pucelles

Autour d'une mousse, avec Nico, il relate
les techniques d'approche, les positions d'acrobates
Ils rient ensemble de leurs billevesées
celles qui ont appaté la jolie pyroxidée

Ensuite sur un carnet comme des étudiants
ils mettent des notes, des mots abêtissants
leur langue usée coincée entre les lèvres
couchant leur prose avec un soin d'orfèvre

Ils comparent et font des stats
des lignes entières sur le cul des candidates
choisissant les prochains lieux de chasse
tels des émirs réservant leurs palaces

Et le soir revient une fois encore
ils sont avides de gonfler leur score
ils sont préparés et ont pris leur douche
pour être en forme ils se sont mis une petite touche

L'after shave a coulé à flots
ils en ont même mis sur leur asticot
des fois que la chasse serait clémente
et que pour une gâterie, la petite serait partante

Ils se mettent au coin du bar
dans leur jeans serré ils font les stars
"vise moi cette poulette
je te parie qu'avant les slows je la prends en levrette"

Hier Nico n'a levé qu'une vieille avec des chiards
Il cherche avidement à combler son retard
il avise une brune mutine
qui sur la piste lui semble adultérine

Il se colle contre son dos
ondule en rythme, touche sa peau
oh! ce n'est pas un Kamel Ouali
mais à la culbutte il n'a jamais failli

"Elle se laisse faire la bougresse
je parie qu'elle veut que lui tâte les fesses!"
Et vas y que je te paluche
le postérieur de la greluche

Frotti frotta pendant un moment
c'est exquis mais ça va un temps
il a une réputation à tenir
faudrait songer à aboutir

Surtout que popol est impatient
le synthétique devient trop adhérent
deux jours sans faire trempette...
va y avoir de l'explosion de braguette

d'une main ferme il l'entraîne
de l'autre il lui fait sentir son pillon d'ébène
pour sûr que ça impressionne
il la sent toute en hormones

arrivès aux lieux du culte
il se sent plus dans ce tumulte
vite la prendre, que je me vide
j'espère juste qu'elle est pas frigide

elle le regarde d'un sourire calme
comme si à Cannes elle avait la palme
il se dit: elle se la joue artificielle
je vais lui en faire sentir de la bagatelle

et que je te fourre la langue dans les amygdales
et que je te fasse une fouille buccale
comme un spécialiste de l'ablation
que je te flatte le mamelon

45 secondes de préliminaires
mince j'ai failli depasser le temps règlementaire
passons aux choses sérieuses
Popol a comme qui dirait la fièvre aphteuse

De sa large main velue
il commence son exploration ardue
qu'est ce que c'est que cette mode
des pantalons avec des fermetures pas commodes!

il tire, dézippe et atteint
l'ouverture vers son plaisir enfin
et s'empresse de guider son patient
vers la caverne qu'il espère innondée abondamment

Alors que le fébrile a le nez à l'entrée
il se sent comme face à son frère aîné
son propre portrait se dresse face à lui
un moustachu avec la goutte au nez a fortiori!

Choqué, dégouté et bien débandé
il comprend enfin le sourire de l'acteur primé
Quitte les lieux et retrouve son copain
"Un coup d'enfer!" se vante t il hautain.

mercredi 22 novembre 2006

Soleil de septembre

Il faut du temps pour accomplir les belles choses.


Interrogations, peur, doutes. Et puis la décision.

Faire un enfant pour sauver un couple est maladroit
En refaire un pour essayer de le consolider, tel a été mon choix.

Il est venu au monde avec 5 jours d'avance.
Pressé de vivre, il cognait à la porte avec insistance.

Mâte aux cheveux noirs, costaud et assuré,
il pointait sur moi deux grands yeux effarouchés.

Mon premier est né frêle, blond et peu rassuré,
d'un regard il cherchait sa raison d'être né.

Son cadet est né en force, tout en puissance.
Son arrivée m'a rassurée, elle était comme une évidence.

Ses cheveux noirs sont tombés petit à petit, comme un automne qui mûrit.
Ses yeux noirs sont devenus d'un bleu aussi profond qu'un aveu.
Sa peau, comme de la neige sur un dimanche.

Mon tendre est un enfant au caractère doux.
Je hausse le ton et il en perd son bagoût.

Mon mignon sonde mes limites.
De ces batailles, parfois j'en sors déconfite.

Mon tendre est spontanné, rieur, joueur.
Mon mignon est méfiant, refléchi et inquisiteur.

Le premier disait avec ses yeux ce qu'il aurait désiré.
Le second l'obtient sans tergiverser.

Les voir grandir me gonfle le coeur
d'une puissance dont j'assume mal la teneur

Je les aime d'un amour infini
comme jamais je ne l'ai ressenti.

mardi 21 novembre 2006

A toi,

Si tu savais ma douce,
combien de fois elle doute,
combien de fois elle pleure

Ces choix qu'elle n'ose faire
ces pas qu'il lui faut franchir.

Du recul elle n'en prend guère
Comme un chat qui n'ose bondir.

Si tu savais ma douce,
qu'elle essaye de se refaire

Avec lui ... te souviens tu?
il t'a tant mis en colère.

Ton souhait était que j'y veille
Que je la guide en ton absence

Mais ne suis je pas pareille?
Une paumée sans existence

Je voudrais la remonter
lui insuffler de la jugeotte

Mais là je me sens fatiguée
Je pense que je me fais vieillotte

Mais promis je la lâche pas
ta grande fille, mon "grand frère"

Comme tu as dû quitter ici-bas
Depuis ton putaing de cancer

Je continue ta mission
clopin clopan selon les jours

Sans porter accusation
à la bulle de ton amour

T'en as trop fait ma douce je crois
elle est démunie, plus rien sans toi

Mais qui suis je pour dire ça
Moi la mère des vains combats.

Vivante

Un enchevêtrement de boucles brunes, des lunettes rigolottes, un rire éclatant, des yeux joyeux.
Voilà de quoi est faite S.

Elle arrive comme elle rit, de façon tonitruante. Elle vit comme elle est, avec fraîcheur.
Dans sa spontanéité, dans son insouciance, je me plonge quand le quotidien me pèse.
Elle a pourtant dix ans de moins que moi. Mais c'est à croire que ça n'éloigne pas.

Quand j'ai besoin d'existentialiser sans déprimer, je vais vers elle.
Elle entend, analyse, fronce des sourcils, refléchit et puis me dit: "Je pense que tu devrais foncer!"
Pas un jugement, pas une critique, juste de l'acceptation.
Je ne me souviens pas à quoi je ressemblais à son âge. Mais je gage que ça devait pas être à ça.

Elle n'est pas ecervelée, à l'intérieur ça pèse bien lourd.
Son métier d'éducatrice d'enfants l'amène dans un monde où rien n'est simple, où la souffrance inquiète bien trop tôt des grands en devenir.
Mais c'est juste que le vécu a été plus heureux ou la vie bien moins plombante, alors elle sourit.

Depuis la naissance de mes enfants, je me force à sourire, à chanter, babiller.
Je veux qu'ils aient de moi cette image, que venir vers moi leur soit aisé, que penser à moi soit une joie, que me visiter quand je serais bien blanche soit un plaisir.

Si je suis ici ce soir, c'est aussi pour ça. Pour leur donner une plus belle maman.
Ecrire me soulage, me libère, et un coeur moins lourd est amené à mieux aimer.

dimanche 19 novembre 2006

Limbes

Sois pour moi un confident, un ami, un complice
écoute mes états d'âme, fais semblant de croire à mon supplice

Embrasse mes mains, apaise mes rides
fais de moi ta plus belle, remplis tous mes vides

Même si ce n'est que de l'indulgence,
même si tu crois à de la démence

Je t'en prie, aime moi entière
Comme si j'étais la seule sur Terre

Parcours mon corps, étudie le
ignore les défauts, oublie ce qui est hideux

Penètre mon ventre et mon âme
Fais moi jouir, approcher de la flamme

Je veux un homme pour le bon
le pire je l'ai et c'est si con

Un de ceux qui brave les ennemis
quand la nuit mes démons sont pas taris

Sors de ta planque, galope vers moi
viens m'envoler avant que je tombe du toit

Je ne suis pas compliquée mais bien complexe
je veux juste de l'amour, pas que du sexe

Explore mon âme et mon corps
mes douleurs, mes creux et ces recoins morts

Ceux que personne n'a dévoilé au grand jour
ceux que personne n'a rempli d'amour

Je veux un homme, quelqu'un, s'il vous plaît
pour m'emmener loin de mon moi, à tout jamais

Cochon qui s'en dédit

Sale temps pour sortir.
Emmitoufflées dans nos manteaux on tente une soirée.
Pour moi première incursion en terrain inconnu dans ce bled méconnu.
Pour toi une sortie de plus, un samedi soir banal, la chasse du week end.

Je ne sais si le lendemain tu as dit avoir eu une belle prise.
Toujours est il que là, 16 ans après, tu la tiens encore dans ta gibecière.

Par quoi ai je été attirée?Aucune idée.
Sûrement un goût de nouveauté. Sûrement aussi par ton cran, ton côté atypique.
Moi la fille de la ville qui débarque dans ce village paumé, sûrement que j'attendais une pointe d'exotisme.
J'ai pas été roulée...

Tes études étaient priorité, tes copains toujours scotchés, ta famille un bloc à ingérer.
Maintenant je comprends que tout était vital.
C'est juste que j'enviais ce que je ne connaissais pas.

D'indifférence en éloignement, je me suis accrochée. Tu avais bien senti le mode d'emploi.

La communication au rabais, le côté taillé sur pierre, le manque d'écoute, j'en avais cure.
J'avais besoin de solidité et tu en étais l'essence pure.

Je regrette de ne pas avoir la sensibilité, de manquer de tendresse, de devoir passer ma vie à nous gérer, toi moi les enfants, notre vie sociale.
De devoir inventer tous les jours des monologues qui peupleront les silences que tu laisses s'installer sans en ressentir de gêne.
Mille amis, mille sorties, mille contacts, mille feux, mille vies je m'invente. Pour me sentir vivre.
Nous ne sommes pas faits de la même pâte.
La différence a construit et en même temps zebré notre union.

Mais paradoxalement tu m'as apporté tout ce dont j'avais besoin.

Un gendre parfait pour mes parents, un fils qu'ils n'ont plus, un couple solide aux yeux de tous, des enfants superbes avec un papa juste et loyal, un homme ni soulard ni flambeur ni paresseux, présent tous les jours, un nom, une aisance financière, une reconnaissance, une certaine idée de la famille et puis un formidable aspect positif de la vie.

De l'insouciance même, pour toi tout est possible, tu n'as pas les solutions mais on peut arriver à tout, la preuve t'y arrives toujours.
La vie serait presque facile avec toi.

Presque.... si je n'avais pas d'états d'âme.
Des soirs de pluie dans mes yeux et du brouillard dans le coeur.
Si je ne me disais pas parfois qu'avec un autre quelqu'un, je serais épanouie.

Le problème est en moi.
J'ai voulu donner priorité à des vies qui ne sont pas la mienne.
Mes parents, point d'orgue de toute mon existence.
Je leur ai apporté sur un plateau la vie revée des autres.

Je vais bien en apparence - largement suffisant, j'ai un bon boulot, une belle maison, deux superbes enfants, un mari adorable, une situation financière confortable.
Tout ce qu'aucun de leurs trois autres enfants n'a réussi à construire.

Je fais leur fierté.
Quand ils ont de la visite ou même chez le boucher ils peuvent en parler, des étoiles plein les yeux, eux les immigrés à qui personne n'a pensé.

Pour ce que tu es, pour ce que j'aimerais être, pour mes enfants, mes parents et tous les autres.
Je reste.

Tous les jours je voyage, au figuré.
Parfois je prends un billet dans le réel.
Souvent je suis déçue du vol. Je ne sais dire ce qui a manqué.
Alors je me convaincs que je suis une touriste exigeante et que j'en demande trop aux voyagistes.

Peut être un jour, trouverais je ma destination idéale.

samedi 18 novembre 2006

Sac à main

Septembre se défile comme un voleur.
Hier elle fêtait son anniversaire entourée des siens.
La famille réunie, maman, papa, frère, soeur, beau-frère, filleul, cousine éloignée, mamy courbée et tante lointaine.
Il ne manque que ce frère qu'elle aime mais qui a décidé de retourner dans le petit pays froid.
Elle a reçu plein de cadeaux, sûrement.
Zéro souvenir cependant.
Elle a pourtant reçu son premier sac de jeune fille, elle a treize ans.
Oublié la veille dans un magasin du centre ville, elle s'apprête à aller le rechercher.

Bas des marches, arrêt sur image.
Un cri, des hurlements.
Confusion.
Il l'a tuée hurle t elle.
Tetanisée.
Trou noir.

Balancements. Berceuse.
Dans ses bras elle tient son filleul, 2 ans.
Il hurle, gémit, tremble.
Son petit corps est agité de soubresauts, ses grands yeux noirs sont effarés, fous.
Elle continue sa berceuse. D'un voix douce, plus pour elle que pour lui.
Les gens hurlent autour d'eux. La police court dans tous les sens. Le recherche.

Ce mari, ce beau frère, cet humain qui a planté 8 fois son couteau dans un corps qu'il aimait, devant le fils qu'il avait desiré.
Sang, effroi, incompréhension, fin de vie.

Apprendre à vivre avec l'après.
Plus rien n'est pareil. La maison est secouée des cauchemards du petit.
Les nuits sont peuplés des pleurs en sourdine.
Quand il fait noir elle se bouche les oreilles pour éviter d'entendre le sang rouge qui coule entre les lames du plancher.
Elle se cache. Se réfugie. Dans un monde dans lequel personne ne doit entrer, jamais.

On ne s'explique pas à 13 ans les raisons d'un tel acte. A 2 ans encore moins.
C'est à notre vie à tous qu'il a attenté ce jour là.
15.10 h, fin du tiroir.

Confiance

Il devait avoir le même âge que moi.
Enfant gaté par la vie, il m'inspirait méfiance.
De derrière son bureau, sans être désagréable il me semblait trop lointain.

Je fais abstraction de mes retenues et me lance dans mon entretien d'embauche.
Nouveau job, temporaire mais nécessaire. J'y vais à la gueule.
J'ai un nouvel itinéraire à parcourir dans cette vie et je sais que la première étape s'apelle réussite professionnelle.
Je me donne. Je me vends. Je suis une gagnante.
Fin de la mission. Un mois déjà.
Je tente le tout pour le tout et offre un mois supplémentaire sans être payée.
C'est un deal, un quitte ou double. Si je corresponds il devra me garder.
Et pour un bout de temps parce que j'entends pas lâcher le morceau.

J'ai quelque chose à prouver. A moi d'abord.
A elle ensuite. Elle, cette putain de vie qui a décidé de me faire vivre dans un champ de mines sur lequel je saute, je me meurs, je m'ampute et je me relève. Inlassablement.
J'ai la hargne. Je serais capable de mordre si on me refuse la place.

Ou il tient à sa vie, ou il a compris l'enjeu ou il croit en moi.
7 ans que j'y suis.
Il m'a donné sa confiance. J'y connaissais tripette.
Pas un mot de son foutu jargon d'assureur m'était connu.
J'ai douté des milliards de fois. Lui jamais je crois.
Pour tout ça et pour le reste, je lui en serais à tout jamais reconnaissante.
Tu me liras jamais sans doute.
D'ailleurs je crois que je prefère pas.

Mais tu es vraiment un grand Homme.

Connexions

Solitude et perte.
Perte de repères, perte d'un frère.
Douleur sourde. Errer des jours à se demander comment être mère.
Attirance, curiosité.
Et Connexion.
Monde nouveau.
Ebahie de saluer à minuit des gens qui s'apprêtent à aller gagner leur vie.
Heures passées à surfer, à discuter, à épancher cette soif de contact, à combler le vide.
Et un jour un pseudo. Lettres et chiffres. Rien ne présage de ce qu'il va apporter dans sa vie.
Connaissance, complicité, écoute, attention, disponibilité.
Il remplit ses jours et fait chanter ses nuits.
De 7h du matin par un "Bonjour mon amour" au téléphone il la promène la journée au bout de son portable dans tous ses rendez-vous.
Elle se lève avec lui, déjeune avec lui, se couche avec lui, fait l'amour avec lui, rêve de lui.
Elle "vit" avec lui.

Sauf qu'elle ne l'a jamais vu.

Par quel lien paradoxal peut on être prêt à abandonner toute sa vie et tout ce que l'on a construit pour les mots d'un homme que l'on a jamais rencontré?
Merveilleuse toile qui tisse ses liens autour de nous et nous enferme dans un bocal.
On peut passer des heures devant son écran avec un homme dont on ignore jusqu'au nom exact et ne plus dire bonjour à la voisine de palier.
Oeillères. Bulle. Engouement.
Il a menti, beaucoup. Elle lui en veut un peu.
Il a profité de ce qu'elle mettait à sa disposition.
Mais n'est ce pas ce que l'on fait tous après tout?
Mais il l'a, si pas aimée, respectée malgré tout.
"N'oublie jamais ta vraie valeur, ni trop ni trop peu. Ne permet jamais à personne de mal te considérer".
Probablement le premier à avoir cru en elle.
Il lui a appris qu'il faut se battre pour ce en quoi on croit.
Que ça en vaut la peine et qu'elle aussi elle le mérite.
Et parce que c'était lui, elle l'a cru.
6 ans après encore elle y pense.
Encore une histoire inachevée.
Sa vie est comme une nappe après un bon repas.
Pleine de vestiges.
Des miettes, des morceaux, des tâches, des déchirures.
J'espère qu'un jour je réussirai à faire table rase.

jeudi 16 novembre 2006

Orientations

Ce goût de pas avoir été au bout des choses.
D'octobre à novembre rien n'a changé.
Les interrogations demeurent.
Réflexion, envie.
Ne pas savoir quel effet peut avoir un évènement faute de ne pas avoir osé le vivre me mine.
Alors je cherche.
Un numéro trouvé, un message envoyé.
Je ne te dis pas qui je suis, cherche si tu tiens à le découvrir.
10 secondes et il répond.
Méfiant. Un message anonyme. Une fille qui se dévoile mais qu'il ne reconnaît pas.
Avances. Envie. Impudence.
La recherche toujours. Mais à la recherche de quoi?
Du feu, de la vie, celle qui coule dans mes veines, celle que je veux avoir.
L'envie de se brûler pour se sentir vivre, l'envie de tout gâcher pour apprécier enfin.
Hameçon, appât et gain.
Il mord mais se demande d'où sort cette nana qui lui envoie des messages.
Je sème des indices comme d'autres des illusions aux femmes.
Après bien des emails il me reconnaît. Il paraît interessé.
Etonnement, pourtant c'est lui qui était en demande la première fois, mais comme toujours, tout m'étonne.
Je ne sais pour quoi faire, je ne sais quand, ni pour combien de temps mais je le veux.
Rendez vous est pris.
Peur, excitation, attente, questions.
Il est là. Me regarde à nouveau de ses yeux bleus.
D'avance je sais que c'est pas lui que j'attendais, je sais qu'il m'apportera pas ce que je recherche mais je joue le jeu.
Doux mais pas tendre, excitant mais pas sensuel, suptil mais pas profond.
Ses mains m'ont touchée, sa langue ma fouillée, ses bras m'ont étreinte et sûrement que sur le moment ça m'a suffi.
Combien de langues de bras et de mains vais je devoir parcourir pour trouver enfin ce que je cherche?
Je ne le saurais surement jamais.

Petit creux

On était un dimanche, le premier jour de la neige comme il dit.
Dans ce lit de douleur attendant ma délivrance, je regardais par la fenêtre et je voyais ces flocons tomber insouciants.
La douleur perçait mes reins mon ventre mes chairs jusqu'à me rendre folle.
"Pas de péridurale Madame, je tiens pas à faire les gros titres dans le journal demain". L'anesthésiste me lâche cette phrase d'un air ni désolé ni compatissant
Vous faites un faux travail depuis 2 jours, le bébé a pas l'air décidé à sortir, mais va falloir attendre, on sait pas ce que vous avez donc en attendant serrez les dents et les fesses.
Le gyné arrive, petit bonhomme serein. C'est pas pour tout de suite ma fille, je pars déjeuner et reviens plus tard.
De la douleur, de l'incompréhension, de la retenue, de la diplomatie aussi pour rassurer un mari qui ne sait pas comment arrêter le calvaire et veut tuer le doc qui n'a pas l'air décidé à m'aider.
Il m'a fallu tout ça en une après midi par un dimanche de décembre.
Vers la fin, entre deux évanouissements et deux délires je me disais, mais qu'on me le sorte ce mioche, limite j'en veux plus, faites quelque chose.
Et on l'a fait sortir. Il a poussé les portes de la vie malgré tout, confiant. On l'a posé sur mon ventre. Poisseux, bleu, hurlant, ereinté d'un si long voyage.
Je l'ai serré dans mes bras, je lui ai dit que j'avais surement dû le maudire mais que maintenant qu'il était là, nous deux c'était pour la vie.
Je l'ai humé, caressé, touché. J'ai effleuré de mon index son petit creux dans la nuque, cet espace de douceur, ce velours d'innocence, ce carré de peau.
Je lui ai promis en regards que la souffrance était un état que jamais il ne visiterait.
Nous avons eu un parcours plus dur que celui que l'on croyait. Bien des fois je me suis dit que j'y arriverais pas.
Et pourtant il est là. Neuf ans que nous faisons vie commune. Neuf ans de surprise et d'émerveillement. Neuf ans à me dire que jamais j'aurais cru que la vie pourrait me faire un tel cadeau.
Des bas qui s'installent, un quotidien qui décline et deux grands yeux bleus que tout illumine.
Trop fade, trop grosse, trop laide, trop deprimée, trop seule, trop détruite; et un regard, sans jugement et un mot: maman
Tout repart, je peux être ce que je hais le plus, lui il m'aime, il exige tout et rien à la fois.
Il m'a fait renaître.
Je t'aime.

mercredi 15 novembre 2006

Orange

C'était sa couleur. Valise compacte contenant un tourne-disques. J'ai quel âge? 9 ans, dix ans. Je l'ignore. Cette couleur et ce qu'elle implique est restée si longtemps dans un tiroir secret que limite j'ai l'impression que ça ne me touche pas.
Un indice peut être? Ces larmes qui coulent toutes seules sans que je m'en aperçoive pendant que mes doigts parcourent le clavier. Et mon mignon de me demander "a pleur maman?"

Il avait toujours été là, d'aussi loin que je me souvienne il passait 10 fois par jour dans notre rue, saluant tout le monde, allant taper la causette au bistrot du coin.
Un bon copain assurément.
Toujours un service à rendre, un mot sympas pour un petit vieux.
Et un cadeau pour un enfant. Au délà du tourne disques, j'ai du recevoir des poupées, des livres et des bonbons. J'ai toujours accepté. J'ai écouté les disques, j'ai lu les livres, j'ai mangé les bonbons et j'ai fait vivre mes Barbies.
En échange de ça, je le touchais, là où il voulait, là où ça faisait du bien.
Je ferme les yeux et j'entends le râle, l'hahannement entrecoupé de soupirs.
Plus grande j'ai dit non, fermement. Il a arrêté.
Plus grande j'en ai parlé un jour à table chez mes parents. Des mots trop durs, ils étaient pas prêts pour les entendre donc ils n'en ont rien cru.
J'ai tout remis dans le tiroir et je me suis bien décidée à jamais dépoussiérer, jusqu'à aujourd'hui.

2

C'était la nuit. Meme sans ouvrir les yeux je reconnais ce bruit. Je sais ce qu'il signifie.
Le départ, encore.
Les cintres qui valsent le long de la barre en fer. Il refait ses valises. Où va t il on ne sait pas, lui non plus d'ailleurs.
"Grand corps malade" n'est pas pour moi un chanteur récent mais mon frère que je connais depuis bien longtemps.
Schizophrénie, voilà le terme savant. Il est tombé longtemps après ses crises en pleine nuit, ses actes incompréhensibles, ses disparitions. Et puis le reste, les allers retours en bateau avec maman pour jetter dans la mer ce que l'on avait brûlé la veille et arrosé d'encens, les visites au voyant-confident-mage-arnaqueur (? je ne l'ai jamais su), les brefs aperçus au parloir de la prison et l'accablement dans les yeux de mes parents.
Le reste aussi, les visites en pleine nuit dans ma chambre, les conversations qui duraient des heures tentant de m'expliquer ce que du haut de mes huit ans et aujourd'hui du bout de mes 34 ans je ne comprends toujours pas. Les enfants qu'il voulait me faire car il était Jésus et devait procréer.
Nous sommes en 2006, il vit toujours, moi aussi, parfois autant pour l'un comme pour l'autre, je me demande comment.
Si je m'en approchais en temps de crise, peutetre voudrait il donner un petit frère ou petite soeur à ses neveux. Mais je m'en approche plus, sa vie se déroule sans que j'y prenne part. Il détruit tout sur son passage, au propre parfois comme au figuré toujours.
Un jour, sa vie ou son absence de vie, tuera mes parents à défaut de l'emporter, lui.
J'ignore juste la date.

Chemin de vie

D'aussi loin que je me souvienne, je ne suis de nulle part.
Née par accident après 3 enfants voulus dans un pays qui ne me demandait pas, je me suis souvent sentie à part malgré tout l'amour que je sais maintenant que mes parents ont pu mettre dans leur relation avec moi.
De mes premières années de vie je ne garde aucun souvenir si ce ne sont ceux, qui à force de m'avoir été racontés par la famille ou via des photos, se sont profondément ancrés dans ma mémoire.
La vie d'immigrants est semée de doutes, d'incertitudes et d'obstacles. A présent, je conçois mieux tous ces changements, ces départs, ces retours, tout ce qu'ils ont subi.
Longtemps je n'ai cru qu'à de l'instabilité, de la poisse. Plus tard j'ai compris que c'était plus complexe que ça. Ils ne sont pas nés pour vivre quelque chose d'heureux, leur chemin sera pénible et surtout long et on ne pourra jamais rien y faire.
A 4 ans ils m'embarquent, vers un monde meilleur, leur a t on promis. Un mensonge de plus.
La crédulité dont ils ont toujours fait preuve et qui continue de ruiner leur quotidien et le mien, me sidère encore.
Ils avaient trimé pour obtenir un permis de travail, un emploi stable, une maison et une reconnaissance.
Ils débarquent dans une maison inhospitalière, avec une belle famille qui n'attend d'eux que soutien et soumission aux traditions mises en place voilà longtemps.
Papa se réfugie dans l'illusion qu'il est bon d'être revenu au pays, qu'il est fier de veiller sur ses parents, lui le seul fils.
Maman s'enterre dans un mutisme fait de douleur et d'humiliation, avoir tout quitté après en avoir autant bavé, pour se retrouver aux ordres d'une belle mère acariâtre qui ne voit jamais le plancher assez bien ciré à son goût.
Le paradis n'était pas au bout du voyage et l'emploi fixe comme tout le reste était fictif.
Il s'embarque dans un pays en guerre pour aller réparer les chars d'assaut et autres engins englués dans le désert de l'Iran. Subvenir aux besoins de la famille, pleurer des larmes de sang pendant des mois sans nouvelles des siens, 4 enfants et une épouse laissés livrés seuls.
Il résiste et revient des années plus tard retrouver les siens qui n'en sont plus, ces enfants qui ont grandi sans lui, cette épouse déjà fatiguée de la vie.
4 enfants, 3 drames, 2 décès et 1 survivante.
Chemin de vie. Quels choix déterminent ce que l'on est aujourd'hui?A quel moment fallait il dire stop et changer de voie.
Je l'ignore. Je sais juste que ce passé de souffrance dont surement j'en ignore encore le quart me poursuit toujours, a dicté mes choix et influencé mes actes de tous les jours.

mercredi 1 novembre 2006

Oh temps suspend ton vol..

On était en octobre. Le groupe était avenant, sympas et rigolo. Elle se sentait bien, loin des contraintes, du boulot, de la famille, tout ce qui parfois la rend folle mais sans quoi elle ne peut vivre.
Tellement libre, tellement legère, presque capable de voler. Volatile hors de sa cage le temps d'un week end, avide de nouveau sans barreaux, de regards brillants sans jugement, de fraîcheur sans retenue.
Volage presque pourrait on dire.
Comme dirait JJ, les fées n'ont pas du se pencher sur son berceau à sa naissance car tout ce qu'elle a ou est, elle a du aller le pecher seule, et tous ceux qui la connaissent savent qu'au jeu de la ligne tendue elle a du mal.
Alors cette ambiance de convivialité, de superficialité même, la ravissait.
Aucun soucis à se faire si ce n'est paraitre belle et intelligente, marrante et avenante, mais ça elle sait le faire, se servir de son étonnant système de tiroirs et y caser tout ce qui la chagrine et la blesse, tout ce qui la terrifie et la torture le temps de deux jours.
Première soirée, restaurant de luxe et boîte de nuit.
Elle a bu un peu, le cerveau est ramolli par la banalité des propos, le corps se sent beau et plait.
Elle danse dans son coin sans s'occuper de personne, elle "kiffe" le moment comme on peut dire.
Lui la scrute, la dévisage presque. Pour peu elle se sentirait belle.
Il vient, lui dit des mots qu'elle comprends à peine sur les décibels, la mange de ses yeux bleus insondables.
Elle entend une phrase et croit comprendre des mots qu'on lui dit jamais ou plus.
Les a t il seulement dits? surement que non, mais qu'à cela ne tienne elle veut les entendre et c'est tout comme.
Un échange se fait, il y a un truc entre eux c'est clair. Elle veut mais ne peut pas. Elle lui fait croire que, mais se retient par le jeu des convenances.
Elle regrette et retrouve son chez soi avec l'amer aux lèvres.
Ce gout de pas assez, de pas avoir été au bout elle le connait et le déteste.
Elle se déteste de ce qu'elle a failli faire et se déteste encore plus de ne pas l'avoir fait.
Il parait qu'il vaut mieux vivre avec des remords que des regrets.
Elle regrette de ne pas avoir de remords....

Interrogations

15 jours sans poster, 15 jours sans retrouver le chemin du blog, quelle cruche celle-là pensez vous surement.
Rassurez vous, j'ai retrouvé mon chemin mais pas l'inspiration.
Des questions se présentent auxquelles je ne sais donner de réponse.
Certains écrivent car ils veulent partager leur quotidien, d'autres parce qu'ils ont un sujet sur lequel ils se savent calés et qu'ils veulent en faire profiter, d'autres n'ont pas grand chose à dire mais réussissent tout de même à pondre un post tous les 3 jours...
Moi la question est: et si tu voulais faire un blog pour te soulager, pour dire ce que tu peux pas exprimer tous les jours, une sorte de journal intime qui serait le reflet de ta vraie vie, celle que tu as tous les jours, avec ses joies, ses peines, ses cotés cachés et ses désillusions?
Oui mais comment concilier ça avec le fait que des gens te lisent, jugent, commentent et en parlent?
N'aurais tu pas plus vite fait de t'acheter un beau cahier vierge de tout regard inquisiteur?
Ce serait facile de dire je coupe les commentaires et j'écris juste pour moi et mes lecteurs mais hors de question qu'ils puissent donner leur avis...et que vais je faire quand je cliquerais 20 fois, 30 fois sur le lien me disant 0 commentaires? je vais déprimer, mon égo va en prendre un coup et ma thérapie sera vaine.
Alors voilà où j'en suis, j'ai envie de me livrer mais pas envie qu'on me juge, j'ai envie de rester derrière mon anonymat mais j'ai envie qu'on me connaisse et qu'on m''aime
Dieu ce que je peux être compliquée, l'Homme aurait il alors raison?
Bon advienne que pourra, je ferais pour un mieux et on avisera le moment venu.
Oyé les gens, je vais bloguer!