mercredi 15 novembre 2006

2

C'était la nuit. Meme sans ouvrir les yeux je reconnais ce bruit. Je sais ce qu'il signifie.
Le départ, encore.
Les cintres qui valsent le long de la barre en fer. Il refait ses valises. Où va t il on ne sait pas, lui non plus d'ailleurs.
"Grand corps malade" n'est pas pour moi un chanteur récent mais mon frère que je connais depuis bien longtemps.
Schizophrénie, voilà le terme savant. Il est tombé longtemps après ses crises en pleine nuit, ses actes incompréhensibles, ses disparitions. Et puis le reste, les allers retours en bateau avec maman pour jetter dans la mer ce que l'on avait brûlé la veille et arrosé d'encens, les visites au voyant-confident-mage-arnaqueur (? je ne l'ai jamais su), les brefs aperçus au parloir de la prison et l'accablement dans les yeux de mes parents.
Le reste aussi, les visites en pleine nuit dans ma chambre, les conversations qui duraient des heures tentant de m'expliquer ce que du haut de mes huit ans et aujourd'hui du bout de mes 34 ans je ne comprends toujours pas. Les enfants qu'il voulait me faire car il était Jésus et devait procréer.
Nous sommes en 2006, il vit toujours, moi aussi, parfois autant pour l'un comme pour l'autre, je me demande comment.
Si je m'en approchais en temps de crise, peutetre voudrait il donner un petit frère ou petite soeur à ses neveux. Mais je m'en approche plus, sa vie se déroule sans que j'y prenne part. Il détruit tout sur son passage, au propre parfois comme au figuré toujours.
Un jour, sa vie ou son absence de vie, tuera mes parents à défaut de l'emporter, lui.
J'ignore juste la date.

Aucun commentaire: