dimanche 3 décembre 2006

Les Sans Abris

On déménage, ce sont de nouveaux lieux
tout paraît hostile, le quotidien pas radieux
les cartons les meubles la tâche est pas mince
et pis faut préparer la chambre du nouveau prince

L'enfant aussi est perdu
les rues lui semblent des avenues
il connait personne dans le quartier
les autres petits le croisent d'un air altier

on se surprend à souhaiter
de faire des boums et les convier
les vilaines ouailles
qui boudent le fruit de vos entrailles

pas un seul ami avec qui partager
les douces rigolades ou les jeux d'été
mon coeur de mère ruisselle
à cause de ces minus sans cervelle

et puis voilà qu'un jour
on l'invite ou on lui dit bonjour
son sourire est revenu
aux minus je trouve des vertus

soudain et sans crier gare
ce qui éclairait mon coeur comme un phare
devient présent à tous les instants
comme un flirt trop accomodant

ils arrivent, entrent sans frapper et se vautrent
et vous regardent comme une astronaute
quand vous avez l'outrecuidance de dire
euh te mouche pas dans mon pull en cachemire

ils mangent comme quatre et boivent des litres
imposent leurs gouts et vous avez pas droit au chapitre
restent chez vous jusqu'à des heures incongrues
vous réveillent aux aurores et vous trouvent une mine abattue

dormir les week ends et les fériés
n'y pensez plus car vous vous faites visiter
leurs parents vous doivent une pension alimentaire
la garde alternée s'installe, vive le calvaire

bonjour madame vous êtes là cet après midi?
vous sentez le piège et pourtant vous êtes pas ardie
vous renoncez à un calin crapuleux
pour que leurs parents se retrouvent en amoureux

En congé vous vous prélassez en petite tenue
la cigarette, le bouquin et le chocolat
installée dans le divan, le pied absolu
rien à faire, page blanche à l'agenda

quand soudain on sonne la porte
bien decidée vous faites la nature morte
hors de question d'accueillir un indésirable
vous le vouez à des sorts inavouables

mais voilà que le silence ne suffit pas
l'intrus est décidé et frappe avec fracas
il a fait le tour et planté devant la porte fenêtre
reluque votre tenue le nez collé à à peine un mètre

un autre jour, il se pointe le matin
la voiture accuse votre présence c'est certain
"mon tendre est à l'école" dites vous à votre future adoption
oh mais c'est pas grave, je vennais juste regarder la télévision

Et c'est ainsi tous les jours qui se lèvent
ils sont collants et leurs visites pas brèves
vous espérez presque les voir partir à l'armée
en camp de scout ou dans un loft enfermés

ils sont adorables et tout mignons certes
même s'ils vous envahissent et vous rendent verte
ils ont rendu le sourire à votre enfant
et du bout des lèvres vous en êtes reconnaissant

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